RD Congo : Cri d’urgence dans l’Est du Congo : 1,6 million de personnes déplacées, 11% de malnutrition

Le Nord-Kivu a récemment fait les manchettes, mais en Ituri aussi, la population est prise en otage par la violence. L’Église appelle à une nouvelle « opération Artemis ».

Les Evêques de RD Congo se sont exprimés clairement dans un récent communiqué de presse. Dans l’Est du Congo, la situation est devenue si indominante que seule une opération internationale comme Artemis peut mettre de l’ordre comme c’était le cas en 2003.

Marti Waals, expert sur le Congo et agent humanitaire, suit la région de près depuis plus de 20 ans. Il a vu la situation se détériorer systématiquement.  Souvent, deux thèmes sont indiqués être à l’origine des conflits : la lutte classique entre les agriculteurs et les éleveurs ainsi que les tensions ethniques entre Hema et Lendu.

Marti Waals : D’après mon expérience, les gens peuvent vivre ensemble en paix, mais les politiciens nationaux et étrangers aiment utiliser les tensions pour s’attaquer à la région.

Par exemple, les pays voisins, l’Ouganda et le Rwanda, ont besoin de « Lebensraum », pour dire le mot très chargé et utiliser l’impunité pour exploiter illégalement tout ce qui se trouve au-dessus et au-dessous du sol. Ils soutiennent différentes milices, toutes pour leurs propres raisons d’existence, à partir des tactiques bien connues de diviser pour régner.

La population est victime d’un enchevêtrement insensible de pouvoir pour les matières premières, d’un nettoyage ethnique avec l’incendie de villages entiers, du pillage des champs et du bétail par des criminels de toutes sortes et du sadisme pur. Où est le gouvernement local ? Où est l’armée congolaise ? Où sont les casques bleus de la Monusco ? Aucun d’entre eux ne semble être en mesure de réduire l’impunité.

L’armée et la Monusco s’avèrent impuissantes

Le problème avec l’armée, c’est qu’elle a été infiltrée par des éléments qui servent des intérêts étrangers. D’autres éléments fraternisent avec les milices dans les barrages routiers illégaux, afin d’augmenter leurs revenus. Les casques bleus voient les plus grandes atrocités se produire sous leur nez, puis écrire en toute sécurité un rapport à ce sujet dans les casernes.

Marti Waals : Le rôle de la Monusco est horrible, surtout quand on sait que cette opération coûte 1,5 milliard (!) d’euros par an. Cela permettrait de mieux réformer l’armée congolaise. Aujourd’hui, il y a peu ou pas de communication ou la coopération entre les casques bleus et l’armée.

La province de l’Ituri, dont Bunia est la capitale, compte 1,6 million de personnes déplacées. Ils vivent dans des camps de réfugiés organisés ou improvisés. Une grande partie est également prise en charge dans les familles d’accueil. Et non seulement parmi eux, mais aussi parmi le reste de la population, la malnutrition prend des proportions dramatiques. Jusqu’à 11% de la population souffre de malnutrition sévère. Et tout cela parce que les gens ne peuvent plus aller dans leurs champs.

Pendant ce temps, le Programme alimentaire mondial envoi de l’aide alimentaire d’origine américaine dans les camps. Marti Waals est choquée : l’aide d’urgence est absolument nécessaire, mais pourquoi ne distribue-t-on pas beaucoup plus de nourriture locale ? Elle ne coûte qu’un cinquième de l’aide étrangère ! En plus, cette nourriture, récoltée de longue date, provoque une diarrhée mortelle chez de nombreux enfants.

Marti Waals : Partout où vous demandez de ce que les gens ont le plus besoin, la réponse sonne : « Amani ! Paix, paix !

Et cela signifie : travailler nos propres champs à la maison en paix. Donc, à court terme, nous devons ramener les gens dans leurs champs et obtenir de l’aide alimentaire provenant de l’environnement. De cette façon, on ne donne non seulement aux gens des aliments savoureux et frais, mais aussi une perspective pour l’avenir.

Eglise et Caritas

Il n’est pas impossible de lancer une telle aide alimentaire locale, du moins en partie. En 2003, nous avons déjà acquis de l’expérience dans de tels projets, explique M. Waals. Il a récemment visité, entre autres, des camps de déplacés de l’Ituri, dans lesquels Caritas RD Congo aide la population en détresse. Le problème de l’aide des donateurs a été soulevé et est à l’ordre du jour de tous les partenaires concernés.

Une autre initiative pleine d’espoir est la construction ou l’entretien de routes agricoles, dans lesquelles les groupes ethniques travailleront littéralement et figurativement les uns envers les autres.

Waals conclut : L’Église joue un rôle important pour la population de la RD Congo. Pas plus loin, les Evêques de l’ACEAC et de la CENCO ont récemment fait une visite de solidarité en Ituri, mais ils ont également publié un communiqué très fort qui identifie les différentes personnes responsables de cette crise et présente des recommandations claires.

Propos de Marti Waals relayé par kerknet.be

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