Mercredi, 30 Mars 2022, plusieurs fidèles catholiques de toutes les Paroisses de ville et de périphérie se sont réunis à Nyakasanza autour de Son Excellence Monseigneur Dieudonné Uringi, Evêque du Diocèse de Bunia, dans le cadre de la journée spéciale de prière et de procession en faveur de la paix en Province de l’Ituri.
Ils étaient très nombreux, les Prêtres, Religieux et Religieuses, les hommes politiques, les élèves ainsi que plusieurs centaines de fidèles chrétiens à répondre favorablement au programme de prière de ce mercredi qui a débuté par une messe dite par l’Evêque de Bunia lui-même à la place de Foi de la Paroisse Notre-Dame de l’Annonciation de Nyakasanza, suivi de la procession de prière de Chapelet de Nyakasanza jusqu’à l’espace vert EPO-Ville.
Dans son homélie, l’Evêque de Bunia s’est étonné de voir la situation sécuritaire de l’Ituri s’empirer davantage malgré l’Etat de Siège. « Quel Etat au monde peut-il accepter qu’une milice fasse loi sur son Territoire cinq ans durant sans prendre des mesures conséquentes en vue de le mettre hors d’état de nuire ? Qu’est-ce qui manque au Gouvernement congolais pour imposer la paix ? Qu’est-ce qui se cache derrière le massacre des civils innocents à Djugu et Irumu ? … », telles sont les questions que Mgr Dieudonné Uringi s’est posé avant d’appeler les fils et filles de l’Ituri à une prise de conscience car personne, dit-il, ne viendra instaurer la paix en Ituri, si ce n’est que l’iturien lui-même.
Les Prêtres Séculiers du Diocèse de Bunia exige le départ de MONUSCO
La procession qui a connu comme point de départ la Paroisse Notre-Dame de l’Annonciation de Nyakasanza, a eu comme point de chute, l’espace vert EPO-Ville où dans son allocution, la Fraternité de Prêtres Séculiers du Diocèse de Bunia a, entre-autres, exigé le départ de la MONUSCO qui est incapable d’aider la République Démocratique du Congo à stabiliser la paix. Cette décision sort de la dernière réunion que cette structure de Prêtres Séculiers a tenue, sous l’égide de Son Excellence Monseigneur l’Evêque du Diocèse de Bunia, au cours de laquelle, les Prêtres s’étaient décidés d’agir davantage pour le retour de la paix en Ituri où les civils continuent à être massacrés et des soldats loyalistes tués gratuitement.
Journée spéciale de prière pour la paix en Ituri, que retenir du discours de l’Evêque de Bunia
Dans son discours de clôture, Son Excellence Mgr l’Evêque du Diocèse de Bunia a rappelé que le vendredi 25 mars 2022, à l’initiative du Pape François et en communion avec lui, l’on célébrait la consécration solennelle de la Russie, de l’Ukraine et de la République Démocratique du Congo au cœur de l’immaculée de Marie, Reine de la paix.
Cette célébration, dit l’Evêque de Bunia, nous a fait prendre conscience que rien n’est impossible si nous nous adressons à Dieu dans la prière, car tous, nous pouvons être des artisans de paix. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, l’initiative avait été prise pour consacrer la Province de l’Ituri au cœur immaculé de Marie pour demander la paix et la réconciliation.
Dans le même ordre d’idée, Mgr Dieudonné Uringi affirme que l’Eglise ne pouvait rester indifférente face au drame de la violence qui sévit en Ituri depuis 2017, car, offrir la paix demeure une des missions que le Christ a confiées à son Eglise.
A cause des conflits armés, a ainsi martelé l’Evêque de Bunia, des vies humaines ont été fauchées, créant des veuves et des orphelins inconsolables. Des populations ont été obligés d’abandonner leurs maisons, leurs biens et leurs terres en devenant de déplacés ou de réfugiés. Il ajoute encore : « Des infrastructures ont été détruites et de villages entiers ont aujourd’hui disparu de la carte de l’Ituri à cause de la méchanceté du cœur de l’homme qui s’est détourné de son créateur. Le sang a coulé et continue de couler en Ituri ». « Jusque-en quand encore devons-nous assister à ces drames ? », c’est la question que chaque iturien doit se poser, estime Son Excellence Mgr l’Evêque du Diocèse de Bunia.
Pour répondre à cette question, l’Evêque du Diocèse de Bunia s’est de prime abord tourné vers les dirigeants du pays pour interpeller leur conscience, tout en leur proposant les béatitudes du politique, telles que formulées par le Cardinal Vietnamien François-Xavier Nguyen Van Thuan qui disait : « Heureux le politicien qui a une haute idée et une profonde conscience de son rôle ; Heureux le politicien dont la personne reflète la crédibilité ; Heureux le politicien qui travaille pour le bien commun et non pour son propre intérêt ; Heureux le politicien qui reste fidèlement cohérent ; Heureux le politicien qui réalise l’unité ; Heureux le politicien qui s’engage dans la réalisation d’un changement radical ; Heureux le politicien qui sait écouter ; Heureux le politicien qui n’a pas peur ».
Bien que la première responsabilité revienne aux politiciens, pour Mgr Dieudonné Uringi, le retour de la paix en Ituri dépend de l’effort de chaque fils et fille de l’Ituri. Tous, ils sont concernés par le combat pour le retour de la paix.
Pour nous chrétiens, dit-il, la prière reste une arme puissante dans la recherche de la paix. C’est la raison-même de cette journée spéciale de prière. En portant haut, le cri de douleur de ceux qui souffrent, nous implorons le Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie, pour que cesse la violence et qu’un avenir de paix s’ouvre pour l’Ituri. Et nous avons l’assurance que le Seigneur ne restera pas insensible à notre prière, puisqu’il prête toujours une attention particulière à la voix de Marie. Mais la prière appelle aussi un engagement ferme et résolu de la part de chacun en faveur de la paix.
Cet engagement, ajoute-t-il, commence par la conversion et le désarmement des cœurs des ituriens. La paix, en effet, est le fruit de la réconciliation et du pardon ; et il n’y a pas de pardon sans l’amour vrai et sincère.
S’adressant à la foule en ces termes : « Si nous acceptons de désarmer nos cœurs, alors, nous arriverons à régler nos problèmes de façon non violente et notre vivre-ensemble retrouvera son harmonie », l’Evêque du Diocèse pense tout de même que l’engagement en faveur de la paix exige aussi que les ituriens doivent se mobiliser tous ensembles comme fils d’une même province et parler le même langage. Pour ce faire, dit Monseigneur l’Evêque, l’iturien doit bannir les discours de haine et de division. Il doit ensuite sortir de la logique de stigmatisation et de communautarisme à outrance. Enfin, Il doit dépasser la recherche des intérêts égoïstes.
« Seule l’unité fera la force de l’Ituri. Si nous voulons que cette journée fasse œuvre utile, engageons-nous tous à devenir artisans de paix », a ainsi conclu son message, Son Excellence Monseigneur Dieudonné Uringi, l’Evêque du Diocèse à l’espace vert EPO-Ville, avant de répondre aux questions de journalistes qui se sont joints à l’événement.
Communication Caritas Bunia