L’Evêque de Bunia a tout d’abord rendu grâce Dieu qui a guidé les pas de la délégation de l’ACEAC et de la CENCO dans le Diocèse de Bunia. Il s’est ensuite référé au message que le Pape François avait prononcé lors de la célébration de la journée mondiale de la paix en 2014 : « Nombreux sont les conflits qui se poursuivent dans l’indifférence générale. A tous ceux qui vivent sur les terres où les armes imposent terreur et destruction, j’assure ma proximité personnelle et celle de toute l’Eglise. Cette dernière a pour mission de porter la charité du Christ également aux victimes sans défense de guerres oubliées à travers la prière ou la paix, le service aux blessés, aux affamés, aux réfugiés, aux personnes déplacées et à tous ceux qui vivent dans la peur. L’Eglise élève aussi la voix pour faire parvenir aux responsables le cri de douleur de cette humanité souffrante pour faire cesser avec les hostilités, tout abus et toutes les violations de droit fondamental de l’homme ».
A la lumière de ce message du Pape François, souligne l’Evêque du Diocèse de Bunia, la population de l’Ituri a quelques fois eu l’impression qu’elle était oubliée, abandonnée et sa souffrance ignorée. Pourtant, ils sont nombreux à avoir perdu la vie en Ituri, et à vivre encore aujourd’hui dans des situations précaires à cause des conflits armés.
Il a également souligné le fait que les fidèles du Diocèse de Bunia et les populations meurtries de l’Ituri ont accueilli la visite pastorale de Leurs Excellences Archevêques et Evêques de l’ACEAC et de la CENCO avec joie ce, dans l’espoir que ces derniers porteront leur cri de détresse aux différentes instances susceptibles de s’engager réellement pour le rétablissement de la paix en Ituri.
Le besoin de la paix est certes ressenti comme une soif irrépressible, a dit Monseigneur Dieudonné, « mais cette paix n’est pas seulement à entendre comme l’absence de guerre ou le silence des armes, il s’agit plus profondément de créer des conditions de vie respectueuses de la dignité de la personne humaine créée à l’image et à la ressemblance de Dieu et aussi de créer des conditions favorables à son développement intégral, c’est-à-dire humain et spirituel », a ainsi poursuivi encore Son Excellence Monseigneur l’Evêque.
Mgr Dieudonné croit avec fermeté que la paix n’est possible que par le pardon et la réconciliation. Toutefois, Il ajoute que l’exigence du pardon réciproque ne peut nullement annuler les exigences de la justice, ni barrer le chemin qui conduit à la vérité.
Appel de Son Excellence Monseigneur Dieudonné aux fidèles du Diocèse de Bunia
Chers frères et sœurs, fidèles du Diocèse de Bunia,
Notre lutte pour la paix passera, sans nul doute, par la prière. Mais elle implique aussi un engagement personnel en faveur de la paix [tout] en refusant notamment toutes complicités avec les fauteurs de troubles et les criminels, en dénonçant en toute objectivité le mal d’où il vient et en bannissant l’hypocrisie et le tribalisme. Dans le même message du Pape que nous évoquions plus-haut, nous retrouvons une condamnation ferme et sans équivoque du recours à la violence comme moyen de résoudre les problèmes et les différends. A cet effet, nous le faisons nôtre aujourd’hui en reprenant les mêmes mots du Pape : « Je désire adresser un appel fort à tous ceux qui, par les armes, sèment la violence et la mort, redécouvrez votre frère en celui qu’aujourd’hui vous considérez seulement comme un ennemi à abattre et arrêtez votre main, renoncez à la voie des armes et allez à la rencontre de l’autre par le dialogue, le pardon et la réconciliation pour reconstruire la justice, la confiance et l’espérance autour de vous ». Voilà ce que le Pape nous dit.
Nous estimons que le salut de l’Ituri viendra de cette redécouverte du sens de la fraternité et du vivre ensemble de façon harmonieuse. La violence en effet, est inacceptable comme solution aux problèmes, car elle n’est pas digne de l’homme. Elle est plutôt une faillite de tout humanisme authentique. Ce pourquoi, nous réitérons cet appel urgent à tous les fils et filles de l’Ituri, arrêtons les tueries, les massacres, les incendies des villages, arrêtons !!!
Travaillons ensemble, la main dans la main, pour bâtir notre province et non pas les uns sans les autres ou pire encore, les uns contre les autres. Respectons la vie humaine car elle est sacrée. Apprenons à vivre ensemble dans la paix comme des frères. C’est l’enseignement contenu dans la dernière encyclique du Pape François sous le titre très évocateur de « Frateli tuti », « Tous, frères », dit le Pape. Cette fraternité se fonde sur un lieu créé par le sacrement du baptême qui nous fait entrer dans la famille des enfants de Dieu, mais aussi sur la maternité de Marie, comme le souligne le Pape au numéro 278 de son encyclique : « Pour de nombreux chrétiens, ce chemin de fraternité a aussi une mère, appelée « Marie », elle a reçu au pied de la croix cette maternité universelle (Jn 19 : 26), et elle est pleine de sollicitude non seulement pour Jésus, mais aussi pour le reste de ses enfants. Forte du pouvoir de ressusciter, elle veut enfanter un monde nouveau où nous serons tous frères, où il y aura de la place pour chacun des exclus de nos sociétés, où resplendiront la justice et la paix ».