Son Excellence Mgr Dieudonné Uringi, Evêque du Diocèse a officiellement lancé ce mardi 08 Août à Bunia, les activités des journées interdiocésaines de la zone Maccabée réunissant les jeunes du Diocèse de Mahagi et ceux du Diocèse de Bunia.
Tout a commencé par une messe coprésidée par l’Evêque de Bunia comme Ordinaire du lieu et Son Excellence Mgr Sosthène Ayikuli, l’Evêque du Diocèse de Mahagi-Nioka.
Dans son homélie, Mgr Dieudonné a clairement indiqué aux jeunes qu’ils doivent opter pour la sagesse divine ou le fondement divin afin de bien discerner ce qui est durable et ce qui passe vite pour préparer l’avenir. Surtout à ce moment où l’avenir des jeunes est hypothéqué ou sacrifié car, a-t-il dit, l’expérience prouve en RD Congo que beaucoup d’intellectuels manquent une Foi profonde. Ils ne sont plus en relation avec Dieu.
Référence aux propos du Saint Père, Pape François aux jeunes de la RDC réunis au Stade de Martyrs (jeudi 02 février 2023)
En effet, déclarait le Pape, « Dieu a mis entre vos mains le don de la vie, l’avenir de la société et de ce grand pays ». Le Pape était donc conscient que dans la main se situe le choix fondamental de la vie à l’exemple d’Abel et de Caïn. L’un prit la merveilleuse décision d’ouvrir ses mains pour offrir les fruits de son travail dans la générosité sincère, alors que l’autre, dans un élan de jalousie et de colère, décida de fermer sa main pour frapper son frère et le tuer (cf. Gn 4,8). « Cher jeune, comme tu le vois, toi aussi tu es libre de faire un choix : « tu peux serrer la main et la fermer, elle devient un poing ; ou bien tu peux l’ouvrir et la rendre disponible pour Dieu et les autres ». En d’autres termes, tes mains peuvent servir à construire ou à détruire, à donner ou à amasser ; tu peux utiliser tes mains pour poser des gestes d’amour, d’affection et de tendresse, ou alors tu peux les transformer en instruments de mort, de menace pour la vie d’autrui.
C’est dans ce contexte que le Pape avait proposé aux jeunes cinq attitudes qu’il avait autrement appelées « des ingrédients pour l’avenir ». C’est d’ailleurs au tour de ces ingrédients que, dans le cadre des journées interdiocésaines des jeunes, zone Maccabée, son Excellence Mgr Dieudonné Uringi a tenu la première conférence devant les jeunes du Diocèse de Bunia et de Mahagi réunis ensemble à Bunia.
Premièrement, le Pape évoquait la « prière », une attitude qui correspond au pouce. Le doigt le plus près du cœur. Chaque chrétien doit prier. Elle est similaire à l’eau pour la vie des arbres. De la même manière que tout arbre a besoin d’eau pour se développer et produire des fruits, notre vie a également besoin de prières pour se développer. Le but de la prière, selon l’Évêque de Bunia, est de nouer une relation spécifique avec Jésus. Il n’est pas un être lointain et distant, mais plutôt un ami qui a donné sa vie pour chacun de nous. Nous pouvons lui confier non seulement nos problèmes, nos soucis, nos préoccupations, nos déceptions et nos peines de la vie, mais aussi nos joies, nos espoirs, les secrets de nos cœurs, nos rêves et nos projets. Nous pouvons lui faire confiance.
Le deuxième élément est « la communauté », qui correspond au deuxième doigt de la main, l’index. C’est le doigt que nous utilisons pour doigter ou pour montrer quelque chose aux autres. Comme on ne vit pas seul, les autres renvoient justement à la communauté. La communauté est le moyen de vivre en harmonie avec soi-même et de suivre sa vocation. La solitude et la fermeture peuvent nuire à la jeunesse.
Concernant ce point, Mgr Dieudonné Uringi a exhorté les jeunes de deux Diocèses réunis à ne pas se laisser emporter par de faux paradis égoïstes basés sur l’apparence, l’argent facile ou une religiosité déformée. Le chemin indiqué par Dieu pour construire un monde meilleur passe par l’autre et les autres, par l’ensemble, par la communauté.
Malheureusement, ces fléaux affectent la Province de l’Ituri, pense ainsi l’Évêque de Bunia qui renchérit en disant que le repli identitaire a fait que le mot « communauté » n’est utilisé qu’avec une signification restrictive aujourd’hui. Ainsi de nos jours, en Ituri, l’expression “communauté” fait référence à la tribu ou à l’ethnie d’une personne, souvent dans une optique d’exclusion et de rejet. Parfois, les rejets découlent de préjugés ou d’un passé douloureux vrais, mais qu’on refuse de pardonner pour construire un avenir meilleur et différent.
L’Évêque de Bunia en a également profité pour sensibiliser les jeunes aux risques associés aux réseaux sociaux. « Nous ne pouvons pas ignorer les avantages combien grands qu’apportent les nouvelles technologies à l’ère du numérique. Il reste cependant un fait indéniable [que seule] la virtualité ne suffit pas, il y a besoin du concret », a-t-il déclaré. Il a poursuivi en affirmant que les contacts virtuels ne peuvent pas remplacer les rencontres physiques, telles que les Journées Interdiocésaines des Jeunes. En ce sens, il a appelé les jeunes de deux Diocèses à cultiver la joie et le désir de vivre avec les autres, en partageant des moments de joie et d’expériences plutôt que de se cacher derrière leurs téléphones ou leurs ordinateurs.
Le troisième est « l’honnêteté », correspondant au troisième doigt. Le doigt central qui s’élève au-dessus des autres. Selon le Saint Père, sa grandeur est un élément essentiel pour l’avenir des jeunes. Ainsi, Mgr Dieudonné Uringi, pour sa part, considère que l’honnêteté est une qualité que la société congolaise semble négliger.
Être chrétien, disait le Pape, c’est témoigner du Christ. La première façon de le faire est de vivre honnêtement, comme Il le veut. Cela signifie ne pas se laisser prendre aux pièges de la corruption. Sans honnêteté, nous ne sommes pas disciples ni témoins de Jésus ; nous sommes des païens, des idolâtres qui adorent leur propre moi au lieu de Dieu, qui se servent des autres au lieu de servir les autres. C’est ainsi que pour vaincre le cancer de la corruption dont les ravages sont énormes, le Pape avait proposé un remède tiré de la Lettre de Saint Paul aux Romains : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien » (Rm 12, 21).
En mariant cette idée à la réalité du pays, on veut dire simplement que les jeunes ne doivent pas se laisser manipuler par des individus ou des groupes qui cherchent à les utiliser pour maintenir le pays (RD Congo) dans la spirale de la violence et de l’instabilité afin de continuer à le contrôler sans égard pour personne. S’agissant de la même réalité que connaît l’Ituri actuellement, Mgr Dieudonné Uringi a déclaré encore aux jeunes qu’en Province de l’Ituri, le sang coule par la main des Ituriens qui se laissent manipuler pour des intérêts qu’eux-mêmes ignorent ». Pendant que les fils de l’Ituri consacrent leurs énergies à s’entretuer, d’autres personnes et des étrangers profitent des richesses du sol et du sous-sol de la Province.
En outre, le Saint Père souhaitait que les jeunes de la RD Congo jouent un rôle important dans la transformation de la société. En d’autres termes, ceux qui transforment le mal en bien, la haine en amour, la guerre en paix. Oui, tu es les choix que tu fais et tu peux toujours choisir la bonne chose à faire. Se référant à cette parole, lors de sa conférence, l’Evêque a voulu placer chaque jeune devant ses responsabilités, car selon lui, l’histoire jugera chacun par rapport aux choix qu’il fait aujourd’hui. « Il est temps de faire le bon choix, de dire non à la corruption facile et égoïste qui tue notre nation », pense-t-il.
Il est évident que les Journées Interdiocésaines des Jeunes ont lieu pendant l’année électorale. Ils sont nombreux, a dit l’Evêque, les candidats qui se présenteront pour battre campagne et solliciter les voix. « Ils seront même prêts pour y arriver de vous faire des cadeaux et des promesses que par la suite, l’histoire en témoigne, ils ne réaliseront jamais », a ainsi poursuivi l’Evêque avant de mettre les jeunes en garde en ces termes : « Ne tombez pas dans les pièges de ces marchands d’illusions, démagogues et profiteurs. Résistez à toute tentative d’achat de votre conscience et de vos voix par des cadeaux qui ne représentent en réalité que des miettes par rapport à ce qu’ils ont déjà amassé ou de ce qu’ils espèrent amasser si vous leur accordez vos voix ».
Ensuite, il y a le « pardon », qui correspond à l’annulaire. C’est le doigt de la main où les alliances sont enfilées. Si on y prête bien attention, il est également le doigt qui a le plus de mal à se lever. Il est donc le doigt le plus faible. Cependant, l’Evêque pense que cette faiblesse nous donne une grande leçon, comme pour dire que les grands objectifs de la vie, l’amour avant tout, passent par des fragilités, des efforts et des difficultés. Le pardon, comme le disait le Pape au Stade de Martyrs, est une force qui nous permet d’avancer. Pardonner pour lui, c’est savoir recommencer. Pardonner, c’est donner et se donner une nouvelle chance, car il s’agit de se rendre à l’évidence et de reconnaître que personne n’est parfait et que tout le monde, moi y compris, a droit de repartir, après s’être relevé de sa chute.
Le pardon est donc la seule option pour mettre un terme à la montée de la violence. Malheureusement, en Ituri, Mgr Dieudonné Uringi estime que la faiblesse de l’appareil judiciaire et le choix de l’impunité ont permis au système de représailles d’être utilisé comme forme de justice. Comme chrétiens, vous devez proposer une alternative acceptable. Cette alternative, c’est le pardon, fruit de l’amour vrai », a ainsi parlé l’Evêque. Pour ce faire, il faut accepter de donner et de recevoir le pardon.
Au dernier point, le « Service », correspondant au dernier doigt de la main, qui est le plus petit. Il est possible de se sous-estimer lorsque l’on est petit. La petite taille attire Dieu. C’est un comportement de service. Le pouvoir de servir transforme le monde.
Le Pape encourage la jeunesse à développer l’esprit de service dans notre monde rempli d’ambitions, de goût de grandeur et de recherche d’honneur. Allant dans le même sens, Mgr Dieudonné a invité les jeunes à prêter attention à l’appel du Seigneur. Servir l’Eglise, c’est aussi cela : accepter de consacrer sa vie au Seigneur par la voie du sacerdoce ou de la vie religieuse.
Communication Caritas Bunia